De nouvelles alternatives à la radiophonie ont été popularisées et démocratisées, notamment depuis la pandémie, “elle a changé les habitudes des consommateurs de la radio”. L’écoute de la radiophonie se fait principalement lors de déplacements pour aller travailler ou aller à l’école, c’est-à-dire dans les transports ou dans la voiture. La pandémie a rendu impossible la mobilité et les déplacements et avec le confinement en 2020, l’utilisation de postes de radiophonie dans les voitures a donc été largement réduite. Cependant, nous constatons une augmentation de l’écoute radiophonique à la maison, comme en Belgique où l’écoute a augmenté de 26%44. Ce phénomène se traduit par l’augmentation de la consommation digitale, les populations se sont tournées vers la technologie ainsi que vers internet. Ils ont pu écouter la radio directement depuis leur ordinateur ou depuis leur portable.
Lors du confinement, les consommateurs ont donc utilisé internet pour écouter leurs émissions radiophoniques et ont pu découvrir de nouvelles radios, correspondant à leur goût, à leurs intérêts et disponibles à n’importe quel endroit dans le monde. Plus de problème de bande passante, plus besoin de chercher la fréquence de la radio, seule une connexion internet est requise, il s’agit de la webradio. En 2016, l’écoute sur internet et sur les supports multimédias représentait 11% de l’écoute chez les Français. Cette nouvelle habitude d’utilisation d’internet pour écouter la radio est restée et s’est multipliée après la pandémie en 2020.
L’arrivée d’internet en 1989 a permis une nouvelle révolution pour le monde de la radiophonie. Apparaît la webradio, un service de radiophonie en continu disponible uniquement sur internet, nous disons qu’elle est diffusée en streaming. Le streaming est une technique de diffusion et de lecture en ligne qui permet l’écoute en direct d’un flux continu, et utilise les données qui sont stockées dans la mémoire tampon. Avant d’arriver sur nos ordinateurs ou autre appareil connecté, un flux audio est créé dans un studio radio classique qui diffuse à la fois sur les ondes hertziennes et sur internet, ou bien dans un studio radio destiné uniquement à la diffusion internet, “le flux audio est alors numérisé puis compressé”. Une simple connexion internet suffit, plus besoin d’ondes hertziennes ni d’émetteur, nous pouvons donc y accéder partout dans le monde. Les premières webradios apparaissent dans les années 90 avec Radio HK, une webradio hongkongaise en 1995, et en 1999 apparaissent les premières webradios françaises sous le nom de “No problemo” et de “Net Radio”. Elles ont su conquérir un nouveau public, s’adressant à un auditoire plus large et proposant plus de programmes diversifiés, ce qui a contribué à leur succès.
Les webradios révolutionnent notre façon de consommer du divertissement. D’une part, la personnalisation des programmes a participé au développement de celles-ci. En effet, les éditeurs peuvent “proposer différentes webradios ayant un thème, une spécialisation différente et répondant aux goûts et aux centres d’intérêt de chacun, à partir d’une seule radio”. Ce choix et cette variété de contenus sont attractifs pour l’auditoire. D’autre part, le haut débit assure un signal stable contrairement aux années 90 où les connexions internet étaient intermittentes avec un faible débit. Cela a permis de donner accès à des fonctionnalités supplémentaires auxquelles l’auditeur ne peut accéder avec une simple radio utilisant la bande FM. Assurément, l’auditeur peut avoir accès à des liens d’applications, à l’achat de musique, aux téléchargements d’émissions ou de podcasts. Le média devient également interlocutif avec la possibilité de participer à l’émission en laissant des commentaires et les internautes peuvent communiquer entre eux. De plus, il n’existe pas de limite de stations contrairement à la bande FM et aux ondes hertziennes. Nous pouvons estimer qu’il existe 30 000 webradios actuellement et le CSA recense 208 webradios françaises.
Le streaming et les webradios ne sont pas les seuls médias digitalisés à avoir vu leur chiffre d’écoute augmenté ces dernières années. En effet, le podcast est en train de connaître un succès grandissant, de plus en plus de monde en écoute régulièrement voir quotidiennement. Les créateurs de podcasts se multiplient et proposent des thématiques, des concepts de podcasts réguliers qui leur sont propres. Il existe un large choix de sujets abordés, et chacun peut y trouver son compte. Le podcast est un flux audio diffusé sur internet que nous pouvons écouter partout voir que nous pouvons télécharger, aussi appelé audio à la demande ou création sonore.
Il existe deux types de podcast, le podcast natif et le podcast d’émission. Le podcast natif est un contenu original créé spécifiquement pour le format podcast et être diffusé sur une plateforme ou sur un site internet et qui n’est pas diffusé par le média radio. Contrairement au podcast d’émission, aussi appelé podcast replay, qui est un contenu diffusé à la radio et que nous pouvons écouter à la demande sur les sites internet de la radio sur laquelle il a été diffusé, ou pour certains sur des plateformes de streaming qui proposent des replays d’émission. Les plateformes de streaming proposant des podcasts sont nombreuses et fonctionnent de différentes manières. Il y a tout d’abord les plateformes de streaming comme Spotify, Deezer ou encore Apple Music qui proposent un accès illimité à plusieurs contenus, l’écoute de musique et d’audios à la demande, sous conditions d’avoir un abonnement mensuel. Leur force est qu’un seul abonnement permet d’avoir aussi bien accès à de la musique qu’à des podcasts originaux et de replays d’émission. Elles sont donc plus connues et plus utilisées pour l’écoute de d’audios à la demande (Annexe 11). L’application la plus utilisée est Apple Podcast, suivi de Spotify et de Deezer. Il existe également des plateformes dédiées au podcast et qui fonctionnent avec abonnement mensuel comme Arte radio, Louie média ou encore Binge audio. Nous pouvons également citer d’autres plateformes comme Sybel, Majelan et Audible, qui proposent à la fois des podcasts originaux ainsi que des livres audio.
Plusieurs études françaises ont été réalisées sur la consommation d’écoute du podcast en France , notamment par le site Acast qui relève des données et des statistiques plusieurs fois par an autour du podcast (Annexe 12) Les chiffres concernant l’écoute de podcast augmentent rapidement depuis 2019. En effet, seulement 10,9 millions de français écoutaient du podcast en 2019, tandis qu’en 2022 quasiment 18 millions d’auditeurs sont recensés par mois55. Nous remarquons également qu’en mars 2022, il a été relevé que 200 millions d’épisodes ont été écoutés chaque mois. Par conséquent, le nombre d’écoute et d’auditeurs grandissant chaque mois et chaque année, la demande augmente elle-aussi. De ce fait, pour répondre à cette demande, de nouveaux podcasts sont créés, de nouveaux podcasteurs arrivent sur les plateformes et la régularité d’épisode passe de publications mensuelles à des publications hebdomadaires voir quotidiennes, et en effet, entre janvier 2022 et mars 2023, le nombre d’épisodes publiés régulièrement a augmenté de 57%.55 Aussi, le podcast est un média intergénérationnel, même si une séparation des tranches d’âge entre l’écoute du podcast natif et celle du podcast d’émission est visible. 60 % des personnes écoutant du podcast natif ont moins de 35 ans tandis que le podcast d’émission en replay est majoritairement écouté par des personnes de plus de 50 ans. C’est pourquoi la fidélisation des auditeurs contribue à l’engouement autour du podcast, un Français sur deux a déjà écouté du podcast et parmi ceux qui n’en ont jamais écouté, 20% compte en écouter.55
La question que nous pouvons se poser est pourquoi le podcast prend-t-il tant d’ampleur ? Le podcasting nous permet tout d’abord d’être mobile. Il nous suffit d’un téléphone pour pouvoir écouter le podcast n’importe où. Aujourd’hui, la majorité de la population se déplace en écoutant soit de la musique soit la radio. Cependant, les personnes prenant les transports ou se déplaçant à pied n’ont pas de poste de radio à portée de main et utilisent les plateformes de streaming. Il ressort également que les consommateurs de podcasts en sont fervents car cela leur permet de se concentrer sur soi-même, de faire autre chose en même temps comme cuisiner, faire du sport ou bien faire le ménage, c’est-à-dire que le podcast les accompagne dans leurs habitudes et dans leurs tâches quotidiennes. Les sujets abordés ont un rôle majeur dans l’ampleur qu’a pris le podcast. 42% des Français en écoutent pour se divertir et 43% pour s’informer.
Le podcast est donc une alternative à la radio, un format plus court qu’une émission radio, il est disponible “à volonté et immédiatement”, “nous avons la possibilité de le mettre en pause et de reprendre la lecture”57, contrairement aux émissions radio qui ne sont disponibles qu’à une certaine heure sur une certaine fréquence et qui sont souvent assez longues. Malgré le coût d’un abonnement alors que la radio est gratuite, “l’exclusivité des programmes”57 ainsi que son large choix de thématiques attirent plus facilement les auditeurs, et c’est cette “surabondance d’offres”57 qui crée un besoin, ce qui entraîne l’attente et la demande de podcasts. Un avantage que garde la radio est qu’elle peut diffuser en podcast toutes ses émissions sur son site internet tandis que la plupart du temps, il est impossible de retrouver toutes les émissions d’une radio en podcast sur un site de streaming. Par exemple, les contenus de Radio France sont au nombre de 1,5 millions sur le propre site tandis que nous en retrouvons seulement 100 000 sur les différentes plateformes de podcast.57
Les plateformes de streaming et les podcasts sont donc de réels concurrents de la radio actuelle, étant accessibles partout, à n’importe quel moment, si nous avons un téléphone et internet comme la majorité de la population actuelle, ainsi qu’un abonnement mensuel à des plateformes comme Spotify. Format court ou long, le podcast ne propose presque jamais de publicités et se diversifie lui-même en étant disponible sur Twitch ou Youtube, accompagné d’une vidéo. A mon sens, la radio ne doit pas prendre ces plateformes comme des concurrentes mais plutôt s’appuyer sur elles pour s’adapter, se moderniser. Les chiffres d’écoute de podcasts peuvent permettre à la radio de savoir quels sont les contenus ainsi que les sujets qui intéressent particulièrement les français et ainsi adapter leurs émissions.
